mardi 22 juillet 2014

Le maître des illusions - Donna Tartt



La neige fondait dans la montagne et Bunny était mort depuis plusieurs semaines quand nous avons fini par comprendre la gravité de notre situation.” (Prologue)

J'ai trouvé ce roman totalement par hasard, sur un portique de livres de poche dans une librairie. Un coup d’œil rapide sur le résumé m'a convaincue, alors je l'ai pris. Grand bien m'en a pris car c'est un véritable coup de cœur que j'ai eu pour ce premier roman de Donna Tartt. Un premier roman maîtrisé de bout en bout et sans fausse note : remarquable.

Est-ce que quelque chose comme la “fêlure fatale”, cette faille sombre et révélatrice qui traverse le milieu d'une vie, existe hors de la littérature ? Je croyais que non. Maintenant je pense que oui. Et je crois que voici la mienne : une avidité morbide du pittoresque à tout prix.

Richard Papen a vingt-huit ans lorsqu'il nous raconte son histoire. Né en Californie, il rejoint l'université de Hampden , en Nouvelle-Angleterre, à l'âge de dix-neuf ans. C'est là que sa vie va changer. On le sait dès le prologue : Richard, avec des amis, a tué l'un des membres de son groupe. On ne sait pas encore qui ils sont exactement, mais on devine que c'est l'histoire de ce meurtre que s'apprête à nous raconter le narrateur.

Ce roman est une description du milieu étudiant, mais très vite le narrateur se coupe du reste de l'université de Hampden pour entrer dans le cercle très fermé du cours du professeur Julian Morrow, spécialisé dans l'Antiquité. Julian exerce une attirance très forte, ses élèves l'admirent et n'écoutent que lui. Avant l'arrivée de Richard, seuls cinq élèves suivent ses cours : Bunny, Henry, Francis et les jumeaux Charles et Camilla. Richard, dès son arrivée à Hampden, n'a qu'une envie : faire partie de cette classe, découvrir qui sont ces cinq personnes qu'il ne peut s'empêcher de suivre tout en se cachant.

Suivant les pensées de Richard, nous entrons nous-même dans ce groupe, spectateurs des scènes qui peu à peu mèneront à l'inéluctable. Les descriptions de Richard, que ce soit ses descriptions des personnes ou de la nature, sont profondes et souvent empreintes de mélancolie. Ces descriptions, il les fait presque dix ans après avoir vécu ces événements qui ont changé le cour de sa vie. Il se souvient de tout avec une extrême précision.

Julian veut que ses élèves parlent couramment le Grec ancien, mais aussi qu'ils réfléchissent à la manière des Grecs. C'est pourquoi chaque cours est l'occasion d'une immersion dans l'Antiquité.

Richard Papen nous raconte comment il est entré dans un cercle infernal, où chacun a quelque chose à cacher et où les mystères et les secrets tiennent la première place. Le maître des illusions, lui, donne l'impression (ou l'illusion, si j'ose dire) à chacun de ses six élèves qu'ils sont bons et qu'ils ont quelque chose de spécial en eux. Mais s'il se trompait ? Le maître des illusions n'est-il pas le premier à s'illusionner lui-même ?

Au fond, la phrase sur la première de couverture résume bien cette lecture : 

Les choses terribles et sanglantes sont parfois les plus belles.


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